Whisky, vodka, bière… Quels alcools les consommateurs africains boivent-ils le plus ?

In the News | 16 septembre 2023

    (JEUNE AFRIQUE)

    Quels alcools les consommateurs africains boivent-ils le plus ?

    La croissance démographique du continent aiguise les appétits des leaders du secteur de l’alcool, comme Heineken, Diageo ou AB Inbev. 

    Gin, cognac ou whisky ? Au cours des douze derniers mois, le spécialiste des études de marché africain Sagaci Research a collecté les habitudes de consommation de plus de 100 000 répondants à travers 26 pays du continent, concernant leur rapport aux spiritueux.

    En RDC et en Côte d’Ivoire, par exemple, le whisky l’emporte, avec respectivement 11,2 % et 10,9 % de consommateurs parmi les répondants. En deuxième position, le gin l’emporte en Côte d’Ivoire (7,4 %), quand les Congolais misent plutôt sur la vodka (5,4 % des répondants). Citée par 13 % des consommateurs africains interrogés pour l’étude, la vodka est particulièrement présente au Kenya. L’Afrique du Sud, le Togo, le Zimbabwe et l’Angola sont les autres grands consommateurs de cet alcool.

    Au Cameroun, où les amateurs de spiritueux sont plus nombreux (20,6 % des répondants), le whisky se détache également (19 %), devant la vodka (7,4 %). Les brandy et cognac arrivent loin derrière : moins de 2 % des répondants en avaient consommé au cours des douze derniers mois dans chacun des trois pays cités.

    La consommation de cet alcool sur le continent « est tirée par les marchés anglophones tels que le Kenya (premier avec une pénétration de 11 %), l’Afrique du Sud (10 %), la Zambie et le Nigeria (7 % chacun). Parmi ceux-ci, l’Afrique du Sud est considérée par l’industrie du cognac comme un marché émergent ayant un poids significatif en dehors de ses marchés historiques. Elle représente même son cinquième marché au niveau mondial », relève Sagaci Research.

    Perspectives de croissance

    Mais les producteurs de cognac ne sont pas les seuls à lorgner le continent. Avec sa croissance démographique et le développement attendu d’une classe moyenne, des efforts importants seront déployés « pour construire le marché des boissons alcoolisées, tant de la part des entrepreneurs locaux que des entreprises transnationales, qui dominent aujourd’hui de plus en plus l’industrie de l’alcool », s’inquiète l’OMS dans un rapport axé sur la règlementation du marketing concernant l’alcool, daté de mai 2022.

    Selon des données collectées en 2016 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le continent fait en outre encore la part belle aux alcools traditionnels, qui représentent 65,1 % de la consommation, devant la bière (25,5 %), les spiritueux (5,3 %) et le vin (4 %).

    Ce qui donne de belles perspectives à AB InBev et Heineken qui, ensemble, représentent deux près de 40 % de la valeur et du volume des ventes de bière dans le monde. Ou pour Diageo et Pernod Ricard, qui représentent près de 20 % de la valeur des spiritueux dans le monde.

    Règlementation à la traîne

    Et ceux d’autant plus que la vente d’alcool et le marketing autour de ce commerce sont peu réglementés. Seuls trois pays, le Togo, la Zambie et l’Afrique du Sud, ont ainsi légiféré sur le marketing des boissons alcoolisées, interdisant par exemple que les spots s’adressent aux mineurs. Au Burkina Faso, au Bénin ou en RDC, les annonceurs jouissent d’une liberté totale, assure l’organisation.

    En outre, pointe-t-elle, si les Africains boivent en moyenne 6,3 litres d’alcool pur par personne et par an, ce qui est moins que les Européens (9,8 litres) ou les Américains (8 litres), cette moyenne doit être pondérée par la forte prévalence d’abstinents sur le continent. En effet 57,5 % de la population de plus de 15 ans ne boit pas d’alcool, le deuxième taux au monde après le Moyen-Orient et ses 94,9 % d’abstinents. Ce qui signifie que ceux qui boivent boivent plus que moyenne mondiale, avec 18,4 litres d’alcool pur par personne et par an, contre 15,1 litres à l’échelle mondiale.

    Or, si, « du point de vue de la segmentation du marché, les pays à faible revenu offrent un immense potentiel de profit et de croissance pour l’industrie de l’alcool, […] le « préjudice par litre » est plus élevé pour les buveurs les plus pauvres, et l’augmentation de la consommation d’alcool aura également tendance à accroître les inégalités sanitaires et sociales – entre les sexes et entre les classes sociales », assure l’OMS. Qui martèle : « Du point de vue de la santé publique et de l’intérêt général, le développement durable exige un renforcement plutôt qu’un relâchement des contrôles du marché sur la disponibilité, le prix et la commercialisation de l’alcool dans une économie et une population en pleine croissance. »


    Lire l’article de Jeune Afrique

    Lire notre article sur la consommation du Cognac & Brandy en Afrique