Avec Auchan Max, le groupe Mulliez concurrence Carrefour sur le terrain de Supeco

In the News | 31 Janvier 2024

(Jeune Afrique)

L’enseigne française, qui s’est déjà illustrée au Sénégal par une politique de prix agressive, a inauguré un nouveau concept de « vente en masse » à Mbour. 

Carrefour a ses versions du cash and carry : Atacadão, porté par Label’Vie au Maroc, et Supeco, que propose CFAO sur ses marchés ivoiriens, camerounais et sénégalais. Avec Bao, le groupe Casino a également investi ce terrain au Cameroun depuis 2018.

En dix ans de présence au Sénégal, Auchan n’avait, quant à lui, encore jamais investi le secteur du hard discount, privilégiant le modèle traditionnel. Sans pour autant faire l’impasse sur la stratégie des bas prix, comme l’affirme son slogan « moins cher tout le temps ». Ni sur une clientèle populaire, largement visée par une formule initialement prisée des classes moyennes émergentes et d’un public privilégié.

Avec l’ouverture, le 13 janvier, de son premier magasin Auchan Max, à Mbour, l’enseigne va plus loin. Le service communication d’Auchan, contacté par Jeune Afrique, ne souhaite pour l’instant pas commenter le nouveau concept. Néanmoins les images qui ont été dévoilées, sur les réseau sociaux notamment, sont éloquentes. Point de rayons joliment achalandés pour attirer l’œil du client, mais un vaste bâtiment aux allures d’entrepôt, rempli de cartons sur ses 855 m2 de superficie.

Attirer les grossistes et semi-grossistes

Des piles et des piles de cartons, conformément à une politique de vente de produits alimentaires « 100 % en colis ». « Achetez plus, payez moins », promet l’enseigne. Elle annonce des rabais pouvant aller jusqu’à 20 % sur une sélection de 1 000 produits, à condition de les acheter en quantité.

Pour Julien Garcier, directeur général de Sagaci Research, spécialiste des études de marché dans la grande distribution, le créneau est cependant différent de celui d’un Supeco. Ce dernier vise à la fois la clientèle populaire et les détaillants. « En choisissant cet emplacement, à la croisée de la route nationale 1 et de la station balnéaire de Saly, l’enseigne cherche visiblement à attirer les professionnels. Notamment les restaurateurs de cette région très touristique », remarque-t-il. Il souligne égalemnt la « stratégie toujours agressive de l’enseigne, qui ne se contente pas de sa part de marché déjà confortable mais s’emploie désormais à diversifier les concepts ».

« Si cette stratégie qui vise à aller sur le terrain des grossistes et semi-grossistes venait à se confirmer avec l’ouverture d’autres points de vente, ce serait un virage important. Auchan a jusque-là plutôt eu tendance à freiner l’approvisionnement des détaillants, en imposant par exemple des limites d’achat pour certains produits », remarque de son côté Malick Mboup, doctorant en géographie, spécialiste de la grande distribution au Sénégal.

Ce dernier voit dans l’offensive une stratégie « risquée, alors que l’enseigne avait réussi à faire oublier la colère des petits commerces à son encontre« , mais à la fois « prometteuse », car « une grande partie des parts de marge dans la distribution alimentaire est contrôlée par les grossistes et semi-grossistes ».


En savoir plus…

L’article original est accessible sur Jeune Afrique. A lire également un article de Sagaci Research sur le développement d’Auchan au Sénégal et en Côte d’Ivoire. Certaines données de ce dernier article sont tirés de l’observatoire des marques en Afrique SagaBrand.