Shrinkflation en Afrique: plus c’est petit, mieux c’est ?

La ‘shrinkflation’ en Afrique (comme ailleurs) consiste à réduire le volume (en grammes, litres ou unités) d’un produit tout en conservant le même prix, parfois en changeant l’emballage, ce qui est parfois à peine perceptible. Elle tend à être plus fréquente en période d’inflation, comme celle que nous connaissons depuis ces derniers mois sur le continent et à travers le monde.

La shrinkflation en Afrique: réduction de la taille, augmentation des ventes ?

L’Afrique n’est pas étrangère à cette pratique, quelle qu’en soit la raison: lutte contre l’augmentation des prix, réduction des coûts ou pénurie d’approvisionnement.

C’est un phénomène que notre équipe de Retail a observé au cours des 18 derniers mois. Par exemple, au Kenya, la marque de produits laitiers Miksi a changé un grand nombre de ses produits. Par exemple un sachet de lait en poudre est passé de 500 g à 450 g. Cela s’est ainsi traduit par une augmentation de 11 % du prix par gramme, alors que le prix du paquet est resté inchangé.

La shrinkflation en Afrique – l’exemple du lait en poudre Miksi au Kenya

Un autre exmple de réduction de la taille de packaging, cette fois au Ghana dans la catégorie des bouillons. Par exemple nous avons observé que les cubes d’assaisonnement Onga sont passés de 12 à 11 grammes tout en maintenant un prix assez similaire.

La shrinkflation en Afrique – l’exemple des bouillons Onga au Ghana

Le comportement des consommateurs africains face à la shrinkflation

L’Afrique, qui est déjà un marché de “sachets”, pourrait le devenir encore plus. L’achat en grandes quantités, avec des formats familiaux et des portions multiples, cède progressivement la place aux petit formats. Aux entreprises qui seront assez avisées pour prendre ce virage devraient en tirer les bénéfices.

La rareté des ressources, l’inflation, etc. seraient alors une bénédiction déguisée. Ou potentiellement une occasion unique pour les entreprises qui souhaitent ou doivent se conformer aux habitudes changeantes d’aujourd’hui.

Les limites de la shrinkflation en Afrique

Cependant, à mesure que cette pratique de réduction de la taille des produits se généralise, on peut s’interroger sur ses limites. Les fabricants peuvent absorber l’augmentation des coûts de production jusqu’à un certain point. La pénurie des ressources les plus essentielles et les plus courantes (par exemple le blé) doit finir par se répercuter sur les prix (ou les tailles) des biens de consommation. Ceci conduit à des arbitrages en faveur du maintien des marges.

À l’avenir, moins de ressources seront disponibles pour fabriquer moins de produits ou moins de quantités. Le défi consistera alors à trouver un moyen de faire face et de maintenir les parts de marché. Mais jusqu’où les entreprises de produits de grande consommation seront-elles prêtes à aller pour rester compétitives ? Pour éviter des augmentations de prix impopulaires, nous avons que certains ont réduit la taille de leurs emballages. D’autres pourraient être tentés de réduire la qualité ou les ressources de production (en augmentant la pression sur la chaîne d’approvisionnement notamment), etc. Mais jusqu’où cette spirale peut-elle aller ? Jusqu’à ce qu’elle porte gravement atteinte à l’image de la marque, poussant les consommateurs à se tourner vers des alternatives locales moins chères. Ou aller plus loin et finalement reconsidérer la composition de leur panier d’achat ?

L’un des résultats possibles pourrait être l’intérêt accru des fabricants pour le développement de chaînes d’approvisionnement locales et donc potentiellement plus abordables, dans la mesure du possible. Au bénéfice de l’économie locale et du pouvoir d’achat des consommateurs.  

Retail audits pour surveiller les tendances du commerce de détail

Pour conclure, ces exemples sont tirés de nos données sur le commerce de détail, saisies chaque mois par notre équipe sur le terrain. Si vous souhaitez en savoir plus sur les Retail audits en Afrique ou sur le SagaTracker, tracker des produits de grande consommation, envoyez un e-mail à contact@sagaciresearch.com ou cliquez ci-dessous.